Deux sphinx, une Marianne grandeur nature, un immense miroir, une tête de léopard… Pour un peu, on se croirait dans la caverne d’Ali Baba. À Trilport (77), l’association Artstock récupère et entrepose des décors de spectacle vivant pour leur offrir une seconde vie. Né en 2009, le projet est né d’un ras-le-bol. « En tant que technicien du spectacle, je passais mon temps à jeter. Ça me faisait mal au coeur de voir disparaître tant de travail », explique Blasco Ruiz, cofondateur et directeur technique d’Artstock. Unique en France, la structure poursuit une démarche environnementale de lutte contre le gaspillage mais aussi d’économie circulaire. Tous les objets, matériaux, costumes et décors sont référencés et proposés à la vente, sur place et sur un site Internet. L’objectif : permettre aux petites compagnies et à n’importe quel professionnel ou particulier de s’équiper à prix réduits.

Sok Hin est scénographe et voisin d’Artstock. Souvent, il vient dans l’entrepôt de 800 m2 chercher des matériaux et réaliser ses propres structures. « Pour un festival, j’ai construit des lettres en contreplaqué d’un mètre de haut au nom de l’événement. Les festivaliers se sont amusés avec tout le week-end ! » Les utilisateurs bénéficient aussi de l’aide matérielle et logistique d’Artstock. « On fait toujours de l’éphémère, chaque projet est différent. Pouvoir profiter d’outils mis à disposition est très utile quand on a peu de moyens », confirme Sok Hin. En moyenne, les compagnies dépensent entre 100 et 3 000 EUR pour un décor complet, bien en dessous des prix du marché.

Si le bouche-à-oreille et le réseau ont aidé Artstock à s’implanter et à grandir, « il a fallu plusieurs années pour gagner la confiance des plus grands », confie Renaud Léon, gestionnaire de l’entrepôt de Trilport. Théâtre de l’Odéon, Comédie-Française, Chorégies d’Orange, Opéras de Lyon et de Bordeaux… des structures de toutes tailles confient leurs décors usagés à Artstock. L’association a réussi à faire évoluer les mentalités sur le recyclage dans la filière du spectacle. Une thématique longtemps mise de côté, mais dont l’avenir est désormais prometteur.

Renaud Léon, responsable du site de Trilport :  « Les gens viennent avec une idée et ensemble on la rend réalisable. » 

Sok Hin, scénographe et client :  « C’est plus facile de travailler avec de la récup grâce à Artstock. » 

Blasco Ruiz, directeur technique :  « Tout ce qu’on propose était destiné à la déchetterie. Chaque objet est réutilisé au moins une fois ! »